L'allaitement maternel et l'alimentation , cote maman

Le lait maternel couvre tous les besoins du bébé (c’est un aliment complet).

Celui-ci évolue constamment selon les besoins de l’enfant.

L’allaitement ne doit pas être un devoir, mais un libre choix du père et de la mère.

 Dans toutes les sociétés traditionnelles, l’allaitement au sein est de rigueur, et ce sont les femmes de l’entourage qui accompagne la nouvelle maman dans les débuts de l’allaitement. Un proverbe malien dit même : « si tu ne donnes pas le sein, l’enfant ne te reconnaitra pas ». L’allaitement dure en moyenne dix mois en Amérique Latine, vingt en Afrique et trente mois en Asie et Océanie. Et c’est à la demande quasiment partout. En Afrique, cela se justifie par le fait que l’on pense que le nouveau-né se trouve encore entre deux mondes : celui des vivants et celui d’où il vient. Il faut donc satisfaire ses moindres désirs, sous peine de le voir repartir dans l’au-delà.

 En France, le peau à peau immédiat est de plus en plus respecté dans les institutions s’il n’existe aucune contre-indication médicale qui justifie la séparation mère-enfant. De même , un bébé trop tôt lavé et habillé perd l’odeur et le contact qui lui sont nécessaire pour aller trouver le sein.

Le guide de l’allaitement édité par le Programme National Nutrition Santé préconise : « la première tétée doit être donnée le plus tôt possible après l’accouchement, en respectant bien le temps nécessaire à votre bébé pour trouver le sein. Cette première rencontre est importante, que la tétée soit « efficace » ou non, car elle va faciliter le démarrage de l’allaitement. »

De ce fait, une femme qui a son premier bébé ne devrait pas quitter la maternité avant sa montée laiteuse. Ce n’est qu’après un intervalle de trois jours (72 heures) après la naissance qu’on peut constater qu’un bébé se nourrit efficacement et digère correctement.

Par ailleurs, dans l’heure qui suit la naissance, le bébé posé sur le ventre de sa mère, va se mettre tout seul à la recherche du sein (réflexe du fouissement). Il dispose pour cela d’un repère fort : une odeur, celle du liquide amniotique dont il est encore imprégné. En effet, une sécrétion du mamelon émet la même odeur que le liquide amniotique. C’est un point d’appel vers lequel il va se diriger en poussant sur ses jambes, en rampant afin « d’escalader » le ventre de sa maman pour atteindre le sein. Au contact du sein, sa tête et sa bouche vont se tourner à droite et à gauche jusqu’à attraper le mamelon. Le moment de cette première tétée est déterminé ; après une heure et demie de vie , le processus de recherche ne se fait plus.

 Généralités :

-Une bonne alimentation est une des principales conditions du bon développement physique et mental de l’enfant.

-Le repas est un des moments importants de la relation entre la mère et le bébé, puis entre les parents et l’enfant plus grand

-Nécessité d’apporter une alimentation équilibrée et adaptée à la maturité des fonctions digestives et rénales de l’enfant, en particulier du nouveau-né et du nourrisson

-respect de l’aspect qualitatif et quantitatif pour permettre un développement optimal et non maximal

-besoins énergétiques :

·         D’autant plus important que l’enfant est jeune/en croissance rapide :

-prématuré : 130 cal/kg/J

-0 à 3 mois : 120 cal/kg/j

-3 à 9 mois : 110 cal/kg/j

·         L’énergie est utilisée à :

-1. Le métabolisme de base

-2. Le renouvellement et la synthèse de tissus nouveaux (croissance)

-3. Les pertes énergétiques diverses (thermorégulation)

-4. L’activité musculaire (surtout après six mois)

-pendant sa première année un nourrisson grandit de 25 cm et il prend six kilos

-à noter l’importance prioritaire de la croissance cérébrale qui représente à elle seule 50 pourcents des dépenses énergétiques de croissance au cours des six premiers mois de vie.

-avant la diversification alimentaire, le lait maternel assure une croissance optimale avec une composition de 10 pourcents des calories protidiques, 30 à 50 pourcents des calories glucidiques.

-La sécrétion lactée se prépare pendant la grossesse et c’est donc à ce moment qu’il est important de conseiller l’allaitement et de noter l’état des seins et des mamelons.

En effet le développement des canaux galactophores a lieu pendant la grossesse sous l’action des œstrogènes et de la progestérone qui développent les acinis.

La sécrétion lactée est sous la dépendance de la prolactine déjà à partir du deuxième trimestre de la grossesse mais freinée par les hormones placentaires. Après la délivrance de l’accouchement, le taux de progestérone chute, levant l’inhibition que la progestérone exerçait sur la prolactine.

-noter le désir de nourrir l’enfant ou aborder les prétextes à ne pas allaiter

-éviter l’anxiété, les soucis, les émotions (action sur le diencéphale)

- on distingue :

·         Le colostrum produit durant les cinq premiers jours du post-partum

·         Le lait de transition du 6 -ème au 15 -ème jour

·         Le lait mature du 16 -ème j au 15 -ème mois

-certains médicaments rendent l’allaitement impossible (traitement des cancers, leucémies, VIH, antimigraineux)

 le colostrum :

-Première sécrétion lactée 

-Liquide jaune

-Anti-déshydratant

-Adapté à l’immaturité enzymatique du nouveau-né

-Riche en protéines ( 23g/L) , sels minéraux ( Magnésium , calcium) , immunoglobulines ( surtout IgA), cellules immunocompétentes.

-Moins riche en lipides et en lactose

-Contient des macrophages, contribuant à la défense contre l’infection : le colostrum contribue à l’établissement d’une barrière immunitaire chez l’enfant allaité

-Favorise l’évacuation du méconium (protéines laxatives)

Le lait de transition succède au colostrum pendant une période intermédiaire de quelques jours qui aboutit au lait mature en 2 à 3 semaines.

La sécrétion est favorisée par la mise au sein du bébé. En effet, la succion du mamelon déclenche un mécanisme neuro-hormonal qui permet l’éjaculation du lait et l’entretien de la sécrétion. L’excitation mécanique déclenche, par l’intermédiaire du diencéphale, une sécrétion de prolactine et d’ocytocine.

La vitesse de synthèse du lait est inversement proportionnelle au degré de remplissage du sein, c’est-à-dire que plus le sein est vidé, plus il se remplit.

Allaitement à la demande.

 

Le lait maternel :

-le lait de femme contient 20 pourcents environ de sucres complexes, inexistants chez les bovidés et voués à un rôle immunologique ; le lactose a un index glycémique bas et un pouvoir sucrant ; on trouve aujourd’hui du saccharose dans certains laits maternisés.

Le lactose favorise le développement de la flore intestinale.

-L’homme après l’âge de 2 à 3 ans dégrade mal le lactose

-les lipides contenus dans le lait de femme sont plus digestes grâce à la présence d’une lipase

-la teneur en lipides du lait maternel varie constamment et d’une femme à l’autre et en fonction de l’alimentation

-les lipides du lait maternel sont surtout des acides gras essentiels et du DHA. Leur rôle est démontré dans la maturation cérébrale et rétinienne.

-il y a moins de calcium dans le lait maternel que dans le lait de vache mais l’absorption intestinale du calcium de lait de femme est très élevée.

-le fer est à des taux comparables mais son utilisation est très supérieure dans le lait de femme du fait de « ligands » qui facilite l’absorption

-pauvre en fluor, le lait de femme doit être complétée à partir de 6 mois par des fluorures. De même, l’apport en fer devient insuffisant après 6mois.

-l’apport en vitamine c est suffisant

-l’activité de la vitamine D est faible et doit être complétée

-l’apport en vitamine K est plus faible dans le lait maternel. De ce fait, cette vitamine est systématiquement prescrite à tous les nouveau-nés lorsqu’ils sont nourris exclusivement au sein, à raison d’une ampoule de 2 mg par semaine donnée à la pipette. Il s’agit de la prévention de la maladie hémorragique du nourrisson qui dans sa forme tardive, peut apparaitre entre la 2 -ème et la 12 -ème semaine du bébé.

-en cours de tétée le lait change et s’enrichit en graisse et en micelle de caséine. Cette augmentation est en relation avec la réaction de satiété du nourrisson coïncidant avec l’épuisement du contenu mammaire.

-le lait de femme compense directement le retard de développement du système immunitaire de l’enfant (Immunoglobuline A, lactoferrine…)

En allaitant la mère transmet ses propres anticorps à l’enfant, les Iga. Les Iga rendent la muqueuse de l’intestin du nouveau-né imperméable aux agents infectieux.

De plus, les tubercules de Montgomery (petites glandes en relief sous l’aréole) sécrètent une substance bactéricide.

Les bébés allaités ont ainsi dix fois moins de risques d’être hospitalisés au cours de leur première année que les bébés nourris au biberon, cinq fois mois de risque d’être touchés par des gastro-entérites à rotavirus, et trois fois de subir des affections diarrhéiques.

Par ailleurs, plus l’allaitement est long, plus le risque d’allergie chute chez l’enfant. L’allaitement apporte une protection significative contre les otites, les rhino-pharyngites, angines et laryngites, sans compter les bronchiolites.

A plus long terme, il diminue les risques d’obésité, de cancer et de diabète infantile.

-le lait de femme permet de prévenir l’inflammation (cytokines, antioxydants)

-le lait maternel permet d’adapter le tractus gastro-intestinal à la vie extra-utérine et il favorise l’établissement de la flore intestinale (facteurs de croissance pour les bactéries commensales) de l’enfant.

-l’allaitement permet un développement psychomoteur optimum. Ce qui peut notamment s’expliquer par le renforcement du lien mère-enfant induit par l’allaitement. Nourriture affective (peau à peau, chaleur, odeur, battements du cœur, regards.) l’allaitement apporte à l’enfant une sécurité émotionnelle unique, garante potentiellement d’un bon équilibre psychologique et affectif à l’âge adulte...

-par son lait, la mère transmet les goûts à son enfant

Écosystème intestinal et allaitement :

-A la naissance, l’enfant aspire un peu de liquide amniotique qui contient des bactéries fécales et génitales : c’est la première vague de colonisation

-si allaitement maternel : l’enfant excrète ces bactéries en partie au bout de 12 heures et

Complètement au bout d’une semaine.

-Dès lors la microflore est constituée à 99 pourcents de BIFIDOBACTERIES qui synthétisent de l’acide acétique d’où l’acidité des selles et la résistance aux bactéries pathogènes.

Le lait de femme a donc un rôle antibactérien, anti-candida albicans, antiviral

-Avec l’allaitement artificiel, la microflore est constituée de bacteroides responsables d’infections

- Selles du bébé nourrit au sein : fermentantes

-Selles du bébé nourrit au biberon : selles putréfiantes

-le facteur BIFIDUS est présent dans le lait maternel, 40 fois plus que dans le lait de vache

-le facteur BIFIDUS favorise la croissance des LACTOBACILLES

 

L’avantage de l’allaitement pour la mère :

-métrorragies du post-partum (moins de risques d’hémorragies du fait des contractions utérines entraînées par la tétée précoce ; un ventre qui dégonfle plus vite ; des kilos superflus qui peuvent partir sans qu’on y pense, l’allaitement pouvant brûler jusqu’à 500 calories par jour.)

-l’allaitement génère une sécrétion d’endorphines 

-augmentation de l’involution de l’utérus

-diminution des cancers du sein et de l’ovaire

-diminution de l’ostéoporose et de l’endométriose

-rapprochement mère-enfant

-renforcement chez la mère du sentiment de sa propre valeur, adaptation à son rôle de mère.

 

Bibliographie :

- L’allaitement maternel : la voie lactée. Claude-Suzanne Didier-Jean Jouveau. Jouvence.

-L’allaitement, Docteur Marie Thirion. Albin Michel

-Mon allaitement comme je le veux, Christel Niquille et Karima Peyronie, Leduc-

-L’art de l’allaitement maternel, les clés d’un allaitement heureux, La Leche League, Pocket

-Le guide de l’allaitement, Christina Pellé-Douel , Marabout

- J’élève et je soigne mon enfant avec les méthodes naturelles, Docteur Suzanne Preney, Sully

-Le guide de mon bébé au naturel, Docteur Dominique Leyronnas et Catherine Piraud-Rouet, Nathan

-Pour une naissance sans violence, Leboyer Frédéric, Du Seuil

-Grossesse, hormones et ostéopathie, Conjeaud Bruno, Sully

-périnatalité www.périnat-france.org

-informations pour l’allaitement : www.info-allaitement.org

-revue : « Allaiter aujourd’hui ». La Leche League France.

-revue : « laits infantiles : comment s’y retrouver ? » www.magicmaman.com

-revue : « Quels laits pour l’alimentation des moins d’un an ? » www.anses.com

-article : « recommandations pour la diversification alimentaire du nourrisson allaité au cours de la première année », www.coordination-allaitement.org

 

Sarah Lahssini